Vietcong : Vietcong (Flemish Eye Records, 2015)

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Après un premier Ep sorti chez Mexican Summer passé il faut le dire complètement inaperçu, Vietcong revient en version longue et ce n’est pas pour nous déplaire. Ce premier effort a le mérite de surprendre et bluffe par son urgence et ses prises de risques. Œuvre protéiforme et inspirée, on flaire assez vite que nos natifs d’Alberta n’en sont pas à leur coup d’essai.  En effet la paire morose Matt Flegel,  Scott Munro étaient tout deux dans une précédente formation sobrement intitulée « Women ». Pas grand-chose à voir avec Viet Cong, si ce n’est une fougue quelque peu incontrôlable…  Si bien qu’une empoignade puérile fraternelle digne d’un certain Anton N, eu raison du groupe un mauvais soir de l’année 2010. Alors même si urgence il y a, les routes et chemins empruntés ici sont plus obliques qu’autres choses. Post punk déstructuré, la machine infernale progresse dans un déluge d’inventivité.  Le titre « March of Progress » est assez révélateur  de cette bouillante mixture.  Introduit par un long tunnel bruitiste où s’entrechoquent claviers et batterie la piste bascule brutalement dans une lumière mélodique toujours plus addictive. Du grand art. Au final nos lurons canadiens signent ici un album surprenant dans tous les sens que peut compter le terme. Ce premier opus éponyme virevolte pour ne jamais retomber. Habile du début à la fin tout en restant bougrement cohérent, ces 36 minutes de noirceurs ont vraiment du bon.

Joël Roblochon***

Joey Bada$$ : B4DA$$ (ProEra, 2015)

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Après quelques mixtapes et un premier Ep hasardeux, il était grand temps pour notre mauvais garçon de service de partir à la conquête du rap jeu mondial avec un album digne de ce nom. En effet, 3 ans que le jeune Joey roule sa bosse dans l’univers crasseux  du hiphop américain laissant penser à un éternel tour de chauffe… Il est vrai qu’après le coup d’éclat révisionniste qu’était la « 1999 », le soufflet était quelque peu retombé médiatiquement parlant depuis 2012. Un mal pour un bien selon Malia Obama puisque ceci avait permis en outre, l’émergence de sa fine équipe Pro Era. Mais trêve de plaisanterie présidentielle pour se concentrer sur le contenu massif des 17 pistes de ce premier effort.

Toujours à rebrousse temps, c’est loin  du « sirup » et de sa viscosité apaisante que Joey place son microphone. Le gamin de Brooklyn ne déroge pas à ses bonnes vielles habitudes et ressort une nouvelle fois la Delorean du placard, plus énervé que jamais (« No 99 »). Ré interprétations et odes passéistes font ici bon ménage dans un tourbillon d’influences revendiquées.  En effet on ne pourra que souligner l’identité classique, sans être conservatrice du projet.  Une intention louable mais qui manque parfois d’originalité. En effet loin d’être révolutionnaire musicalement parlant, cet opus reste tout de même consistant et réserve son lot de bonnes surprises. Exemple frappant avec Kirk Knight qui signe avec « Hazeus View » l’un des beats les plus inspirés du disque. Un exploit en soit au vu des pontes (Dilla, Primo, Statick Selektah, Freddie Joachim) qui sévissent sur le reste de l’album.

Mais outre les samples parfois grillés et autres éléments quelques peu bancales,  l’atout principal reste ici le jeune emcee himself. En effet Joey sort plus d’une fois son épingle du jeu durant les 53mins du disque. Ainsi notre jeune protagoniste affiche une maturité étonnante sur bon nombre de titres tout en cultivant son attitude cool de backpacker du dimanche. Les rimes sont affutées et Joey étonne toujours par ses textes et son flow tout terrain. On regrettera seulement les quelques passages rocailleux sauce jamaïquaine du plus mauvais gout…

Au final  ce « Before Da Money » repousse les limites posées par les précédentes mixtapes. Plus abouti sur tous les points on grimacera tout de même sur le manque de prise de risque coté sonorités. Mais rares exceptions faites aucune faute de goût ici et l’hommage apparent laisse davantage place à une réinterprétation intelligence du passé.

Joël Roblochon***

D’Angelo & The Vanguard : Black Messiah ( RCA Records 2014)

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Voila qu’après 14 ans d’absence celui qu’on croyait noyé sous la boisson et les substances illicites revient tel le messie noir que l’on attendait plus. Il est vrai qu’après  une timide réapparition sur le devant de la scène en 2011 et les annonces fébriles d’un manager inquiet on ne savait plus à quel saint se vouer. Mais voila, le destin fait parfois bien les choses, et alors que les rumeurs allaient bon train, l’annonce tombe, et ce troisième album arrive prématurément avec dix jours d’avance, le 15 décembre 2014.

Parallèle douteux mis à part, notre ange Gabriel de service n’est pas venu seul cramer les feux de la rampe. En effet la section rythmique fait à elle seule saliver d’avance et compte parmi ses rangs la crème de la crème du genre. John Blackwell, Pino Palladino, Jesse Johnson ou encore Cleo « Pookie » Sample s’attellent à faire groover les 12 titres du nouvel opus. Pour ne rien ajouter on notera les participations de Q-Tip et Questlove à l’affaire qui font de cette  messe noire une œuvre tout sauf hérétique…

Alors après un tel déluge de noms prestigieux, il ne fait plus aucun doute sur la qualité intrinsèque du disque, et le camaïeu  de couleurs musicales découle d’autant de toutes ces signatures. Soul, R&B, Funk ou encore Rock, la mixité est ici de rigueur et s’entremêle avec panache. Définitivement plus mystique que son prédécesseur D’Angelo fait évoluer la formule et sans rompre totalement avec le passé réactualise sa copie d’une bien belle manière. Mention spéciale aux arrangements magnifiques où les  guitares lourdement grattées  sont splendidement contrebalancées par des claviers rugueux et des chœurs chaleureux. Les textes ne sont pas en reste et témoignent notamment des récents incidents et tensions raciales, Ferguson en tête.

Au final, ce troisième album aura pris son temps mais impossible ici de bouder son plaisir. D’Angelo s’élève pour ne jamais retomber tout en revendiquant  son droit de parole de citoyen noir américain. Rien à jeter et tout à prendre…

                                                            Joël Roblochon***

Run The Jewels : RTJ2 (Mass Appeal 2014)

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El-P et Killer Mike remettent le couvert grassement, histoire de donner du grain à moudre au plus gastronome d’entre vous. La fine équipe, non content d’avoir conquis les foules et la presse une première fois, reviennent plus remontée que jamais dans ce casse du siècle façon Atlanto-New-yorkaise. Une revisite qui n’a rien de la contrefaçon bâclée car l’art et la manière font ici bon ménage. Il faut dire que depuis 2012 nos deux comparses font la paire et associent flow et production comme peu dans le rap jeu moderne. Hors de toute zone de confort El productor à pris la bonne habitude de sortir des sentiers battus et œuvre en sous marin, Marlboro à la bouche et microphone à la ceinture.

Disque décomplexé par excellence, nos deux têtes pensantes frappent fort dès le début du disque, à grand renfort de dizaine de nappes de clavier sur la table d’abondance. L’ex-Company Flow livre ici son travail le plus accessible et le plus complexe à la fois. Structures et textures s’entremêlent dans une alchimie abyssale. Vu mètre dans le rouge, sonorités abrasives  et beats métalliques pour une recette gagnantes depuis 1992. Bien évidemment, limiter ce nouvel effort à sa seule qualité de production serait une fâcheuse erreur. La paire enchaîne les punchline comme pas deux. Aussi percutantes que les coups de caisse claire, El et Mike dénoncent et mettent à mal les mœurs et dérives d’une société américaine en perte de vitesse. Référencé de bout en bout, ce Run The Jewels, deuxième du nom, lance quelques bouteilles et odes à une époque révolue mais définitivement inscrite dans le patrimoine génétique des deux hommes. N.W.A, Public Ennemy, Geto Boys ou encore Goodie Mob font régner leurs spectres sur ce disque par moment à rebrousse temps, pour ne pas citer  Philip K. Dick.

Au final, cette nouvelle collaboration donne lieu à beaucoup de fraicheur dans un paysage qui en manque parfois un peu. Sans parler de suite de classiques, RT2 tient ses promesses et montre deux quarantenaires dans la force de l’âge prêt à en découdre avec leurs pairs. Un disque robuste qui brisera pas mal de cou.

                                                  Joël Roblochon***

Freddie Gibbs & Madlib : Pinata (Madlib Invazion 2014)

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Difficile d’imaginer deux parcours plus divergents que les protagonistes de cette pinata. Pourtant la paire improbable travaille depuis 2009 sur l’un des projets les plus attendus de cette première moitié 2014. D’un coté Madlib génie en roue libre explosant les codes d’un genre parfois gangrené et développant sa vision autiste d’un hip-hop instrumental. De l’autre Freddie Gibbs figure montante d’une scène de Chicago en perte de vitesse, expatrié depuis vers la cité des anges et mitraillant ses rimes syncopées à la manière du caméléon.

Passez ces présentations hasardeuses c’est bien en plaçant la Pinata sur la platine que cette dernière libère son lot de sucrerie.  En effet Mad et Gibbs produisent ici un lot incalculable de classiques, passant avec aisance de l’égotrip des familles à une tirade introspective ou encore une atmosphère cinématographique poisseuse. D’ailleurs en parlant de cet aspect c’est bien cette image là qui ressort le plus. Sans frôler le concept album comme sur « Twelve Reasons To Die » de Ghostface, nos joyeux lurons lorgnent gentiment vers le 7eme art.  Gibbs dira lui-même qu’ils ont imaginé cet effort comme « un film de gangster sur fond de blaxploitation ». Aucune surprise ici donc et l’on se laisse embarquer sans effort dans cet univers ou Madlib laisse transparaître sa fascination pour les expérimentations sophistiquées de Curtis Mayfield en passant par Issac Hayes. En parlant de cinéma le casting des seconds rôles et lui aussi tout aussi impressionnant. Raekwon, Danny Brown, Ab-soul ou encore  Earl Sweatshirt sont de la partie et viennent apporter leur contribution à cette œuvre démentielle.

Au final  la grande force du disque c’est avant tout la cohésion sans faille qui règne entre les deux protagonistes. Alchimie parfaite de l’excellence d’un flow hargneux pour le Mc de Chicago allié aux instrumentations obliques du producteur californien.  Une œuvre indispensable qui ravira les amateurs d’aspartame de 7 à 77ans.

                                                                   Joël Roblochon***

The Budos Band : Burnt Offering (Daptone Records 2014)

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Avant The Budos Band, il y avait la formation Funk de Thomas Brenneck et Brian Profilio, The Bullets. Sous inspiration du groupe Antibalas, les deux musiciens s’orientent vers l’afro-beat en reprenant des compositions de Fela Kuti. C’est en ajoutant trompettes et sax baryton que le projet  va réellement prendre forme. En 2005, le groupe sort son premier album sur Daptone Records, éruption d’afro-grooves qui doit autant à Mulatu Astatké qu’à Sly Stone période « Stand ! ». Deux ans plus tard sort un second album, le groupe continue d’explorer ses influences, avec des titres nébuleux et d’autres plus funky. Après un Ep en 2009, le Budos revient avec un long format en 2010. Volcan, scorpions, c’est maintenant un cobra qui apparaît sur la pochette du disque et le contenu se fait plus sombre, sans que le groupe laisse derrière lui ses premières inspirations. L’album se clos sur une reprise presque méconnaissable des Beatles, avec des cuivres, de l’orgue, une guitare wah-wah, des éclaires de lumière dans un brouillard épais. C’était peut-être une manière d’ouvrir une première porte pour leur dernier album sorti cet automne, « Burnt Offering ». Avant que le disque arrive dans les bacs, le label Daptone avait fait circuler la pochette sur les réseaux sociaux, pour une première fois un disque du Budos Band était nommé par un titre et l’on sortait du « danger exotique » pour aller vers un visuel qui renvoyait plutôt à la sorcellerie façon comic-book, bref, de quoi être circonspect ou curieux. Changement d’esthétique pour de nouvelles aspirations musicales. Dans ce dernier opus, des riffs de guitare saturée viennent parfois trôner au milieu des cuivres, certaines introductions et bridges rappellent les premiers albums de Black Sabbath (les meilleurs) et l’on se retrouve propulser dans un afro-rock enfumé et hypnotique. Toujours dans le groove et les plans de batteries funky, le Budos Band réussi à se renouveler sans s’éloigner de ses racines. De quoi donner envie de voir le groupe sur scène et de continuer à s’intéresser à leurs prochaines sorties discographiques.

Hugues Marly, décembre 2014.

Janka NABAY : Bubu music (True Panther Sounds 2010)

De notre envoyé spécial à New York. Si il y a bien un artiste moderne qui symbolise le mieux l’esprit musical qui anime cette chronique mensuelle dédiée aux auditeurs de Radio Campus Toulouse, c’est bien le chanteur sierra léonais Janka Nabay. Non content de s’être extirpé in extremis du Sierra Leone (Salone pour les autochtones) lors de l’atroce guerre civile (1991/2002) qui fit rage pour le contrôle des zones diamantifères, il s’exile à New York en emportant dans ses bagages rien de moins qu’un nouveau style afro-moderniste élaboré par ses soins. Janka Nabay est maître dans l’art de pratiquer la musique traditionnelle ‘’bubu’’ jouée dans les fêtes musulmanes Timini. En pleine guerre urbaine, il enregistre au Forensic Studio de Freetown un nouveau style populaire de ‘’bubu music’’ (très écoutée par les rebelles). Arrivé à NY, il forme – à l’été 2010 ! – le 1er groupe de musique bubu d’Amérique avec divers musiciens de Skeletons, Gang Gang Dance / Highlife, Zs et Saadi. Deux mois plus tard, il enchaîne les dates. Déboule sur le net avec le clip de son titre phare ‘’He Congo’’. Avec une certaine ironie, cette diatribe contre les programmes d’aides humanitaires et l’envoi par les USA (sous JFK) de vêtements de seconde main au Sierra Leone tombe à point nommé. Savant dosage entre beat electro dansant et mélodie de musique sacrée de l’ouest africain. Seul 4 titres sont disponibles chez True Panther Sounds. Espérons que cet ovni de l’Atlantique Noire gardera son style décontracté, ses textes qui visent justes et un son digne de ce que le roi du bubu viens de nous offrir…!

jankanabay.com

www.truepanther.com

Jean Bernard Bassach, décembre 2010.

Eténèsh Wassié & Mathieu Sourisseau : belo belo (buda musique 2010)

Détachés provisoirement du groupe toulousain ‘’Le Tigre des Platanes’’, formation connue pour leur réinterprétation du répertoire communément appelé (à tort) « ethio-jazz », Eténèsh Wassié & Mathieu Sourisseau proposent un duo chant / basse acoustique, agrémenté également de quelques judicieux invités. Majoritairement tirés du répertoire traditionnel éthiopiens, ils proposent 10 titres qui osent un subtil grand écart entre intimisme et ambiance  »noise » acoustique. Sourisseau y joue une partition d’une grande classe : jamais de bavardage ni de virtuosité superflue, quelques notes, des ambiances noires et inquiétantes, une approche qui se marie à merveille avec la voix puissante d’Eténèsh. Le résultat, dans un registre dramatique, est tout à fait impressionnant. Avouons que là ou la présence d’une chanteuse peinait parfois à se justifier au sein du Tigre, tant les solistes sont en perpétuel ébullition, le travail du duo est ici en parfaite osmose. L’exercice est difficile, tant dans la formule choisie que le choix artistique, s’éloigner délibérément du carcan des formations jazz cataloguées  »éthiopiques » aurait pu être le leitmotiv de ce projet musicale, si tel est le cas, considérons le pari comme amplement réussi.

PLEASURE DUB : Pleasure dub (pressure sound 2009)

A la mort de Duke Reid (1974) – l’un des 3 grands maîtres fondateurs de studios et labels indépendants jamaïcains – son jeune disciple, l’ingénieur du son Errol Brown laisse derrière lui 3 magnifiques pièces de dub. Les productions rock steady / early reggae du label Treasure Isle sont dubbés avec brio. A partir des bandes magnétiques des titres originaux, l’ingénieurs du son Errol Brown mixe un son instrumental radical qui met en avant le fameux couple rythmique basse/batterie du mythique studio de Bond Street. L’une des clefs du succès de Bob Marley vient de cet homme de l’hombre qui deviendra l’un des ingénieurs du label Tuff Gong. Fruit de ce savoir faire si précieux aux héritiers de l’expérimentation créole analogique, cette œuvre majeure de la musique moderne afro-caribéenne (Treasure dub vol 1 & 2), vient d’être re-édité dans un packaging original, par le fameux label britannique d’archives musicales des Indes de l’Ouest, Pressure Sound. Un titre en forme de clin d’œil, Pleasure Dub pour un album remasterisé avec soin et attendu depuis  »long time » par l’internationale du dub révolutionnaire.

Pressure.co.uk

Jean Bernard Bassach, décembre 2010.

GREGORY ISAAC : Cool ruler (front line 1978)

C’est avec regret que j’ai la difficile tâche de vous annoncer le décès de l’auteur, compositeur, interprète et producteur Grégory Isaac. Un pan de notre histoire musicale populaire disparaît avec cet inlassable chroniqueur de son temps qui balaye 40 ans de vie passé à chanter l’amour, façon ‘’lovers rock’’, sont style de prédilection. Rare parmi les chanteurs jamaïcains de renoms à ne pas être passé par le label Studio 1 de Clément Coxsone Dodd (décédé en 2004), il fonde African Museum Record avec Errol Dunkley. L’abus de cocaïne failli lui faire perdre sa voix et sa liberté. Pourtant après l’âge d’or du Cool Ruler (nom éponyme de son meilleur album) chez Virgin, il est l’un des rares chanteurs de l’époque Roots des 70/80’s (tel Sugar Minott) à avoir su évoluer vers la nouvelle scène Dance Hall des 90’s en pleine explosion du son digital. Notons que Simple Red reprendra son plus gros tube passé à la postérité, Night Nurse. Visible sur l’écran noir dans le classique Rockers comme dans le meilleur passage (prémonitoire et d’une rare intensité) du récent Made In Jamaïca ou sa voix influe toute en finesse sur une complainte funèbre lors d’un enterrement à Kingstown. Son aura sur les femmes égalait Denis Brown (décédé en 1999), un ami dont il interprète les chansons en 2005. Il s’est éteint à Londres, au mois d’octobre 2010, des suites d’un cancer.

Jean Bernard Bassach, décembre 2010.